La solution d’une énigme

Le monde de l'art possède son propre langage. Depuis des siècles, notamment dans l'architecture sacrée, les artistes ont manifesté leur consécration à la spiritualité en dépeignant ou en représentant des scènes issues de textes sacrés. Mais sommes-nous certains que ce soit tout ?

La solution d’une énigme

L’art possède son propre langage.

Depuis des siècles, notamment dans l’architecture sacrée, les artistes ont manifesté leur consécration à la spiritualité en dépeignant ou en représentant des scènes issues de textes sacrés. À tel point que ce n’est qu’au XVIème siècle que des corps humains et non religieux ont pu avoir l’honneur d’être représentés dans une œuvre d’art.

Mais il y a quelque chose de plus.

Nombreux ont été les artistes qui ont caché une sorte de code dans leurs représentations.

Quelques exemples ? Michel-Ange, dans son « Jugement dernier », a inséré des codes qui mènent à la Kabbale juive ; le Parmigianino, dans son « Portrait de Galeazzo Sanvitale », a représenté dans un détail le nombre 72, le soi-disant « nombre de Dieu ». En outre, ils affirment que Léonard de Vinci, dans « La Cène », indique que Jésus et le personnage à sa droite sont peints comme des images miroir l’un de l’autre, avec des vêtements symétriques, formant un « V », qui représente un utérus féminin et rend ainsi hommage au « divin féminin ».

La liste des artistes cachant des codes secrets dans leurs œuvres pourrait être de plus en plus longue… mais restons en Italie, dans cette période si célèbre qui a influencé toute l’Europe dans les domaines de l’art, de la philosophie, de la littérature, de la science et de la musique : nous parlons évidemment de la belle Renaissance.

Après une période sombre et sanglante comme celle du Moyen-Âge, la Renaissance fut un renouveau, la recherche du concept de beauté, au cours de laquelle l’Homme fut placé au centre du monde (voir l’humanisme en littérature), avec le retour au Classicisme… et la traduction conséquente, par Marsile Ficin, du Corpus Hermeticum (apporté à la cour de Côme de Médicis) du Trois-fois-Grand Hermès, gréco-égyptien, le plus sage de tous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’œuvre d’art que nous souhaitons analyser ici est un tableau de Piero della Francesca. Peintre italien du début de la Renaissance, Piero est également devenu célèbre pour avoir représenté « Saint Sigismond et Sigismondo Pandolfo Malatesta » dans le Temple Malatestiano – situé à Rimini, où l’on trouve également un « Crucifix » de Giotto. Un autre lieu très intéressant, car il semble que son fondateur, Sigismondo Pandolfo Malatesta, ait caché dans la cathédrale – créée par l’architecte et théoricien Leon Battista Alberti – une série de symboles issus du monde ésotérique, incorporant les lettres IS en écho au mythe de la déesse égyptienne Isis.

Mais le tableau de Piero della Francesca sur lequel nous voulons nous concentrer aujourd’hui est aussi un support de messages secrets, comme le suggère le livre Soluzione di un enigma de Giancarlo Iacomucci Litofino,[1] qui donne également son titre à cet article.

Le tableau « La Flagellation du Christ », conservé à la Galerie nationale d’Urbino (Italie), ne présente qu’un cadre très singulier, avec l’inscription latine aujourd’hui malheureusement effacée « convenerunt in unum » (convergeant vers l’Unique), suggérant ainsi qu’il doit y avoir quelque chose de plus profond qu’une simple représentation. Peut-être un message secret caché ? Quelque chose de similaire à ce qu’affirmait le pape Grégoire le Grand : « Utilisons des peintures dans les églises, car ceux qui ne savent pas lire, en observant leurs murs, peuvent au moins y lire les choses qu’ils sont incapables de lire dans les codes ».

En observant le tableau, nous voyons immédiatement un groupe de trois personnes unies, sur le côté droit. L’une des diverses théories nous dit que nous pouvons reconnaître ici Giovanni Bacci – un humaniste issu d’une famille très riche, qui est identifié comme un client probable du tableau.

À côté de lui, le cardinal Bessarion (ici habillé à la mode orientale), un expert qui était surtout connu comme traducteur de codes anciens. C’est grâce à lui que les anciens textes de la gnose égyptienne ont été traduits en grec. Nous devons ajouter que, peu de temps après, à la cour de Côme de Médicis, dans la belle Florence, Marsile Ficin jouera également un rôle important – comme nous l’avons déjà dit – en traduisant le Corpus Hermeticum du grec au latin, le rendant lisible et traduisible en latin pour les bibliothèques occidentales. C’est pourquoi le cardinal Bessarion, ici représenté, peut aussi être dépeint comme le Saint-Esprit, le Conseiller.

Mais qui est le personnage entre les deux, au milieu ? Peut-être, l’artiste lui-même : Piero Della Francesca. Vêtu de rouge et pieds nus, il peut être considéré symboliquement comme le Paraclet, le « Consolateur », représentant principalement l’Esprit Saint ou l’Esprit de Vérité, et de même, dans son apparence physique, comme un bel ange.

La sainte trinité est d’ailleurs si semblable à celle que nous pouvons admirer, sur le côté gauche du tableau « Le Baptême du Christ » (Londres, National Gallery), un autre chef-d’œuvre de Piero Della Francesca.

En partant de l’autre côté, nous pouvons reconnaître une autre inscription (qui n’a pas été effacée comme l’autre), sur la marche qui forme la base du trône de Ponce Pilate. Il s’agit de la signature de l’artiste : Opus Petri Deburgo Sci Sepulcri (« Œuvre de Pietro venant de Borgo San Sepolcro » – son village natal). Le Santo Sepolcro ne mène pas seulement au nom d’un village, mais aussi à la découverte du sépulcre de Christian Rose-Croix : où la Rose est insérée dans le Christ.  

Observons Ponce Pilate sur le côté gauche du tableau.

Est-ce un hasard s’il est assis sur un trône, sur deux marches ? Le chiffre deux nous rappelle toujours le dualisme de ce monde, l’alternance entre le bien et le mal, le noir et le blanc… exactement comme le sol qui se trouve sous ses pieds (comme nous le savons historiquement « sans y prendre part » car il s’est symboliquement lavé les mains) doit être revisité.

Il y a un autre personnage à côté de lui, mais on ne voit que son dos : pieds nus, il représente l’Amour, au-dessus du dualisme du sol, unissant l’extérieur à l’intérieur. Il veut unir le temps présent à l’éternité. Cette figure, vêtue de blanc et avec un turban sur la tête, représente la Nouvelle Énergie. Lorsque l’ancienne personnalité matérielle sera complètement remplacée, cela peut être vu comme la naissance du Nouveau Type Humain, le spirituel, lorsque la purification sera achevée.

Le résultat, le Nouveau Type Humain, est représenté par la statue dorée que nous pouvons voir au sommet de la colonne : dans une main, il tient un globe transparent (peut-être une sphère de cristal) représentant la perfection, le nouveau soleil levant.

Nous pourrions écrire encore et encore, car les détails cachés dans ce tableau semblent innombrables… mais seulement pour un œil attentif.

Continuez à les chercher, car la quête ne s’arrête jamais.

 

[1] Litofino G. I., Soluzione di un enigma, Lectorium Rosicrucianum, 2017.

Print Friendly, PDF & Email

Share this article

Poster une info

Date: novembre 21, 2017
Auteur: Eva Christina

Image principale: