Lettre aux princes en exil et aux dames de cœur et d’esprit

J’ai pour toi le souvenir d’un royaume où l’Esprit est roi. Il règne sans effort comme une flamme répand sa lumière à travers l’espace. Son pouvoir est infini.

Lettre aux princes en exil et aux dames de cœur et d’esprit

 

Combien de fois les sphères du soleil et de la lune ont-elles jailli de l’Océan pour illuminer la Terre, animer les vastes forêts, égayer la cime des montagnes ?

Combien de fois les yeux se sont-ils ouverts, éblouis, émerveillés… Ignorants devant les étoiles ?

Depuis combien de temps es-tu parti ?

Cette lettre est pour le sang royal, rivière d’or en otage de cœurs fatigués.

Te souviens-tu du pays du lys et de la rose, de la ville de l’Amour et de son palais aux innombrables colonnes ? Te rappelles-tu le parfum léger de l’aube, l’invincible clarté du jour naissant ?

J’ai pour toi le souvenir d’un royaume où l’Esprit est roi. Il règne sans effort comme une flamme répand sa lumière à travers l’espace. Son pouvoir est infini, à tel point qu’il est inutile d’en abuser. Intelligence, force et beauté sont les éléments primordiaux du Premier Royaume, les piliers du Pouvoir Originel.

Mais que sont les souvenirs ?

Cette lettre est pour le sang royal, rivière d’or qu’enténèbrent nos cœurs amollis.

J’ai pour toi un miroir graphologique dans lequel, armés de courage, princes perdus et dames courtoises contemplent leur reflet. Ce miroir est vrai, et de prime abord, il n’y apparaît qu’une masse informe de prolétaires, de sans-pouvoirs, éclopés de la vie, boitant orgueilleusement devant les autres, ou bien suivant humblement, si ce n’est assoupis. La souffrance y règne partout, ombre fidèle de l’ignorance. Et dans cette cohue, les cœurs amollis palpitent encore, l’âme s’agite, sans repère, en quête de l’Époux, du Roi et de son pouvoir infini, pour briller à nouveau et s’extraire de ce gris trottoir où elle papillonne, errante et fugitive, comme un sac plastique virevolte dans les tourbillons de feuilles mortes, gonflé par les bourrasques de l’automne.

Combien de fois sommes-nous tombés dans ces rues, rêvant des luxueux jardins cachés par le marbre des façades, là où l’ennui est différent ?

Cette lettre est pour le sang royal, rivière d’or qui sommeille dans nos cœurs avertis !

À titre personnel, je n’ai plus rien pour toi, car seul, je suis sans pouvoir. Quand les miroirs sont partout, on se connaît mendiant, clochard céleste ayant trouvé abri, le temps d’une vie sur la terre. Mais l’âme ne nous laisse pas en paix. Elle nous réveille dans la nuit. Elle veut sa couronne d’étoiles, sa robe céleste, ses diamants éternels… Pas demain ! Tout de suite !

Alors, mortel sans-pouvoir, on t’accable : la Terre, les océans, les loups, les phoques, les abeilles, la culture, tes enfants… tout meurt ! « C’est ta faute ! Fais quelque chose ! Responsable colibri des villes ! », déclarent les sombres frères qui t’écrasent de leur pouvoir légalement conquis en jetant de l’essence sur la maison qui brûle. Et l’âme qui crie, te tourmente et réclame ses diamants et le sens de ta vie. Mais que peux-tu, toi, sans-pouvoir ? Avec quelle force, quelle énergie relever le défi ?

 

Didier Bourgeois, Le Chant de la Perle, 2020

 

Cette lettre est pour le sang royal, rivière d’or que propulsent les cœurs libérés !

Le monde n’est que forces magiques, pouvoir appliqué par des intelligences, organismes en mouvement. Il y a bien une façon de retrouver sa noblesse de Prince ou de Dame de Cœur et d’Esprit, de s’élever. Edward Bulwer-Lytton a transmis dans La race à venir [1], la légende des Vrilya, ce peuple souterrain qui dispose d’une force illimitée : le Vril.

Madame Blavatsky en parle dans sa Doctrine secrète. [2]

Max Heindel y a consacré son ouvrage intitulé The Coming Force : Vril or what ? [3]

Rudolf Steiner a prophétisé que dans le futur, des communautés échapperaient à l’enfer de la société matérialiste grâce à une force mystérieuse. [4] Il ajouta par ailleurs que l’homme et la femme devaient collaborer spirituellement pour dompter la force qui anime le règne végétal, l’éther, le Vril. [5] Tous admettent que cette nouvelle humanité à venir de Bulwer-Lytton (qui n’a rien à voir avec de quelconques distinctions raciales) donne une idée assez juste de cette force qui est partout mais que nos corps mortels, trop faibles, ne peuvent assimiler pleinement.

C’est pour cela que, pour retrouver le pouvoir, la force, on enseigne la science de la régénération. Le point de départ de cette science est que la personnalité mortelle et son corps physique hébergent un atome particulier, immortel, le vestige d’un dieu déchu, endormi dans le cœur de l’homme. S’il y a un élément royal sur la terre, c’est cette particule du royaume de l’Esprit. Lorsque la conscience humaine s’éveille à la souffrance, à la précarité et à la « bizarrerie » de l’existence, c’est que l’atome se fait entendre dans les flots rapides du sang. La pratique de cette science de l’Esprit passe par « la connaissance de soi », dans la mesure où l’on observe à chaque instant les absurdités, les paradoxes, les limites, comme des plis apparemment ineffaçables de notre personnalité. On ne constate ainsi que notre impossibilité à nous rendre digne du pouvoir. Là est le salut, car cet atome royal devient « radioactif » à mesure que s’éloigne de nous l’illusion d’être élu pour autre chose que prendre conscience de la part du Royaume qui est en nous et qui doit être restituée. En abandonnant ainsi nos rêves de gloire éphémère qui alourdissent le cœur, l’atome libère sa force et transforme peu à peu notre organisme. Il fait de la pâte rouge et visqueuse du sang ordinaire, chargé du fer de la volonté égocentrique, une vive rivière d’or qui abolit la pesanteur.

L’heure est proche ami, aimée ! Le temps est à la science nucléaire. Il est urgent de considérer la destinée du Roi qui sommeille en chacun, embryon céleste lové dans le cœur de l’humanité. La quête de l’électricité à des fins commerciales et de confort matériel avait été refusée par les sociétés antiques, qui étaient guidées par une sagesse au fait des ravages que provoquerait un tel usage du feu électromagnétique. L’époque est celle de la liberté et donc de la responsabilité que l’on a d’employer ses propres forces physiques et psychiques. Seul, on erre, comme un atome perdu, stérile… On finit par faire n’importe quoi ! Si on se regroupe dans le but de faire un usage correct de la force qui nous est impartie, de « chercher la vérité », les atomes se frictionnent, mais si l’intention est suffisamment juste, puissante et maintenue, alors apparaît une forme de radioactivité. L’atome que l’on porte entre en résonnance avec ceux de nos compagnons et l’on peut parler à juste titre de « communion ». C’est un processus qui n’a rien d’extraordinaire en apparence, qui ne rend pas le groupe de chercheurs plus brillant aux yeux du monde… au contraire, un tel groupe peut, selon les anciens, devenir « invisible aux puissances qui règnent ici-bas ». Ce n’est qu’ainsi que les Princes en exil et les Dames de Cœur et d’Esprit parviendront à repousser l’attraction terrestre, s’élevant jusqu’au Royaume originel d’où provient « l’atome-étincelle d’Esprit », selon l’expression de Jan van Rijckenborgh. Si l’existence est un lieu de compression extrême pour l’âme, il est nécessaire de se réunir pour devenir, ensemble, « une bombe atomique de l’Esprit », pour littéralement pulvériser la frontière qui nous retient prisonniers et impuissants. La force ainsi libérée, c’est l’Amour, mais cet amour-là est au-delà de notre propre sentimentalité. C’est la force créatrice et destructrice du Dieu qui vit en nous, c’est le Vril ! Aucun mortel dans l’univers n’a le droit d’en bénéficier s’il n’a pas fusionné avec la conscience qui habite l’atome-étincelle d’Esprit.

Pour cela, il faut se regrouper, devenir radioactifs par le service mutuel, la bienveillance et la connaissance partagée. Et puis… vider la sinistre mémoire, devenir frais comme un enfant, émerveillé devant les étoiles, s’admettre ignorant pour libérer le trône du Roi de l’Autre Monde qui attend de reprendre le pouvoir au plus profond de nous.

Mais tout cela… ce sont des histoires ! Je te laisse quand même la bibliographie… colibri averti des villes !

Cette lettre est pour le sang royal, rivière d’or qui nous rassemble comme un nouveau soleil !

Portez-vous bien !

 

 


[1] Edward Bulwer-Lytton, The Coming Race, 1871. Parution française : La race à venir, Editions du Camion blanc (collection Camion noir), 2008

[2] Helena Blavatsky, La Doctrine secrète, Vol.2, Éditions Adyar

[3] Max Heindel, The Coming Force. Vril or what ? Literary Licensing, LLC, 2014

[4] Rudolf Steiner, Perspective du développement de l’humanité, Éditions Anthroposophies romandes (coll. Science de l’Esprit), 2006

[5] Rudolf Steiner, La légende du Temple et l’essence de la Franc-Maçonnerie, Éditions Novalis

 

Print Friendly, PDF & Email

Share this article

Poster une info

Date: mai 10, 2022
Auteur: Quentin Biliwald (France)

Image principale: